Samedi soir dans l’émission “On n’est pas couché” de Laurent Ruquier le philosophe Michel Onfray a fait face à Léa Salamé et Yann Moix pendant près d’une heure pour une interview qui a incarné à peu près l’ensemble de tout ce que l’on peut reprocher au journalisme contemporain.
Décontextualisation (et donc déformation) des propos, recherche de la “petite phrase”, capacité d’écoute proche du zéro… un cas d’école !
Je vous laisse d’abord vous faire votre propre opinion en regardant l’extrait :
Michel Onfray est donc invité à la base pour répondre à un dossier de Libération titré “En réponse à Michel Onfray“. Finalement très rapidement il répond à Ruquier qu’il se fiche de répondre à tout cela car il ne lit pas ce qui lui est consacré car il préfère tout simplement vivre sa vie sans devoir se soucier sans arrêt de tout ce que l’on dit de lui. Je le rejoins complètement car à force de vivre dans le regard de l’autre on n’agit plus. La déformation si évidente et systématique de ses propres propos doit-être tellement irritante quand on accorde beaucoup d’interview que je trouve légitime de ne pas y accorder plus d’importance que celle qu’elle mérite : c’est à dire aucune.
Je trouve sain de la part du philosophe de ne pas rentrer dans ce jeu médiatique assez violent et bas du front qui voudrait piquer ça et là des phrases reprises hors contexte pour lui faire dire ce qu’il n’a pas dit et faire le buzz.
J’ai donc listé les principaux points de cette interview que je trouve symptomatiques de ce que le journalisme moderne à l’emporte-pièce fait de pire…
Poser des questions à l’invité comme s’il était Dieu et devait résoudre, là ce soir, une question géopolitique complexe à lui tout seul :
De manière générale Moix comme Salamé posent à Onfray des questions comme s’il devait avoir toutes les réponses, comme si c’était à lui qu’il incombait de trouver des solutions.
C’est d’un ridicule. Onfray n’est pas Dieu, c’est un philosophe qui certes a des opinions et réfléchit mais il est comme tout le monde. Croyaient-ils sincèrement trouver la solution au problème des migrants samedi soir en une heure sur un plateau télé ? Je ne crois pas. Alors pourquoi poser ces questions à Onfray comme des avocats dans un tribunal ?
” Onfray n’est pas Dieu, c’est un philosophe qui […] est comme tout le monde. Croyaient-ils sincèrement trouver la solution au problème des migrants samedi soir en une heure sur un plateau télé ?”
C’est un comportement systématique, particulièrement chez Léa Salamé qui veut toujours que ses interlocuteurs lui apporte en une phrase la solution à de grands problèmes politiques ou sociaux. Cela fausse complètement l’interview. Un invité ne peut s’exprimer que sur ses propres pensées et les développer : où peut-on aller en posant des questions à quelqu’un comme s’il avait en son pouvoir de tout résoudre ?
Jouer sur les mots pour casser le développement d’une pensée:
Jouer sur les mots était également une belle tentative mais qui a encore fait flop. A 12 minutes 39 Onfray lâche le mot “peuple” et Yann Moix lui demande “ce que signifie le peuple” voulant le piéger au jeu de la sémantique. On voit clairement qu’il veut l’emmener sur la piste du “populisme facile”, le faire passer pour un démagogue alors qu’Onfray répond clairement, très simplement que selon lui “le peuple est celui sur qui s’exerce le pouvoir et qui ne peut en exercer en retour“, “c’est celui qui s’en prend plein la figure et qui se lève pour aller au boulot tous les jours”. Et Yann Moix lui demande de manière totalement déconnectée si “c’est le peuple qui a fait la Révolution ?” Mais bordel le mec te parle du peuple, vient de t’en donner sa définition et tu pars sur un fait historique détaché totalement du débat !! En plus d’un manque certain d’écoute de Moix on peut observer le ridicule du journaliste qui pose une question dans l’idée d’emmener son interlocuteur dans son piège.
Sa façon de parler par sous-entendus et dans le souci de la petite expression qui fait mouche (“Vous me décevez au carré” “En étant contre tout vous êtes pour à l’envers“) parasite complètement l’interview et montre que la forme ne sert aucunement le fond mais sert seulement à faire briller celui qui le mène.
“…le bon journaliste n’est-il pas celui qui écoute avant tout les propos de son interlocuteur, en étant prêt à entendre toute réponse : même celle qu’il n’attendait pas ?”
Mais enfin le bon journaliste n’est-il pas celui qui écoute avant tout les propos de son interlocuteur, en étant prêt à entendre toute réponse : même celle qu’il n’attendait pas ? Des propos sur lesquels il peut ensuite rebondir pour poser une autre question et faire avancer le débat. Si Onfray dit “- Je pense bleu”, pourquoi chercher à lui faire dire “- Je pense vert” ? L’interviewé est clair et concis : il dit je ne suis pas FN mais je pense telle et telle chose car je n’aime pas mettre de limites à ma pensée et si j’ai une idée qui peut parfois aussi être celle du FN et alors ? En quoi est-ce compliqué de comprendre cela ?!
Moix a voulu piéger Onfray en le faisant s’embourber dans des détails de définition de terme alors que tout un chacun comprend très bien que quand Onfray dit le peuple il parle de la majorité des gens qui constituent les français et travaillent, vivent leur vie loin de toute sphère décisionnelle. Yann Moix est très attaché aux mots et à leur sens en tant qu’écrivain et on le lui reproche pas ça, simplement une fois le terme défini on pouvait passer à autre chose mais non, Moix ne semble pas entendre la réponse pourtant très simple d’Onfray et s’acharne. Il arrête Onfray dans le développement de sa pensée toutes les deux minutes pour tenter de le piéger. Onfray réussit à rester admirablement calme, lui répond, tente de continuer à développer sa pensée et se fait à nouveau interrompre.
Quel intérêt pour le spectateur ?
De même, Yann Moix prend comme argument ad-hominem envers Onfray le fait qu’il “trahisse ses idoles”. Il lui rétorque qu’il n’est pas cohérent dans ses propos parce qu’il a adulé Albert Camus dans un livre et qu’Albert Camus a déclaré une pensée qui pourrait aller dans le sens inverse de celle d’Onfray. Du genre, vous aimez Camus, Camus déclare dans une phrase d’un de ces livres le contraire de ce que vous pensez sur un sujet donc vous “trahissez vos idoles”, sous entendu vous n’êtes pas cohérent, vous dites n’importe quoi. Quel est le rapport ? Plus manichéen tu meurs. Donc selon Moix si on aime un auteur on devrait être d’accord avec chacune de ses moindres petites phrases sinon on n’est pas cohérent et “on le trahit”…bien, bien, bien….
A croire que de nos jours avoir une pensée libre et la développer un tant soi peu longuement soit impossible. Toute pensée trop nuancée, trop peu cadrée ne peut satisfaire un système qui ne veut pas prendre le temps, qui veut opposer de manière manichéenne, qui fonctionne sur des petites phrases et cherche la petite bête comme si penser autrement était hors de sa portée.
Ne pas écouter les réponses :
Samedi soir visiblement le but de Léa Salamé semblait être d’avoir la gloire personnelle d’avoir fait avouer publiquement à Michel Onfray ses penchants FN. Or à partir du moment où Onfray lui répond clairement qu’il n’est pas pour Marine Le Pen on voit bien que, prise au jeu de son acharnement qui n’a pas payé, elle s’embourbe dans d’autres questions parallèles pour tenter de sauver la face. Pourquoi n’est-elle pas capable alors de reconnaître publiquement et de formuler ” – D’accord donc vous n’êtes pas pour le FN, vous le dites clairement.” puis de repartir sur une autre question ?! Non, là elle s’acharne pour tenter de piéger un homme qu’elle croit cacher sournoisement son soutien au parti à la flamme.
Autre exemple à 44:30 :
Léa Salamé : Aujourd’hui sur ces questions-là (de souveraineté, d’anti-libéralisme, de pointer du doigt Bruxelles), aujourd’hui vous êtes plus proche de qui au niveau des idées ? Qui défend le plus économiquement vos idées ? Est-ce que c’est plus Marine Le Pen ou est-ce que c’est plus François Hollande, Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy?”
Michel Onfray : Ben je l’ai dit tout à l’heure c’est Jean-Pierre Chevènement!
Léa Salamé : Ouais mais là c’est pas la question.
Michel Onfray : Ha oui mais c’est ma réponse.
Léa Salamé : Non mais, pardonnez-moi mais je pense que vous bottez en touche parce que vous reconnaissez vous-même que…
Michel Onfray : Non mais on n’est pas obligé de manger si on n’aime pas les abats … vous me dites ” vous devez choisir entre les tripes, les boyaux et puis entre la cervelle et puis une tranche de cœur [vous choisissez quoi] ? Non je vous dis rien, rien. Ceux-là j’en veux pas. Maintenant je vous dis moi quel est mon idéal.
“[Onfray] refuse de se faire enfermer dans une idée politicienne puisqu’aucune ne lui convient. […] Les gens ne peuvent pas se résumer à des opinions toutes faites, des appartenances politiques : ils sont plus complexes ! Quelle découverte !”
Il me semble que la pensée développée par Michel Onfray tout au long de cette interview est intelligente et complètement digne d’intérêt. Sa réflexion à 10:30 pour expliquer qu’il a toujours été de gauche et qu’il n’est pas un électeur caché du FN comme les médias et Léa Salamé voudraient le croire en témoigne :
” Tous ces gens qui disaient [qu’il fallait être un crétin fini pour voter Maastricht ], que c’était le plein emploi, l’amitié entre les peuples, la fin des guerres…[…] moi j’ai voté non à Maastricht, donc j’ai pas changé, j’ai toujours été de gauche. Et tous ces gens là [qui disaient que les frontière étaient une catastrophe et qui sont en train de les refermer] découvrent justement aujourd’hui avec ce qui se passe (l’émigration massive), tous ces gens-là voient leur monde s’effondrer. Ils nous ont dit “- Vous aurez le paradis” et vingt-cinq ans plus tard on a l’enfer. Celui qui dit ” – C’est l’enfer n’est-ce pas ?” eh bien on dit “fasciste”, “salaud”, “ordure”, “file un mauvais coton”, “fait le jeu du Front National”, etc. Tous les gens qui ont rendu possible Marine Le Pen sont des gens qui ont fait le jeu du Front National. Alors vous savez dans les cours de récréation on dit toujours “- C’est celui qui dit qui est” et c’est très drôle avec Joffrin (NDLR: le directeur de Libération qui écrit l’article “En réponse à Michel Onfray” qui est le point de départ de l’interview) parce que je me dis mais Joffrin fait le jeu du Front National depuis vingt-cinq ans, titre en 1984 dans Libération “Vive la crise ” (cela voulait dire “les chômeurs n’ont qu’à créer leurs emplois, de quoi ils se plaignent !”). Cela veut dire que quand la gauche renonce à être de gauche elle ne va pas dire qu’elle renonce à être de gauche. [Et] moi qui n’ai pas renoncé à être de gauche […] on dit “il file un mauvais coton” parce que je reste fidèle là où tous ces gens-là [font exactement le contraire de ce pourquoi ils ont été élus]. Et Marine Le Pen quand elle serait élue, je parle au conditionnel, elle ferait exactement ce qu’a fait Tsipras c’est à dire grande gueule, on arrive au pouvoir […] mais on sait bien que c’est violent, qu’il y a un espèce de fascisme libéral […] qui est très souriant, très costumé [mais qui] oublie le peuple. […] Et il y a un populicide en France depuis 1983 c’est à dire qu’on a dit au peuple ” – Ca va bien maintenant les “il va falloir penser comme ça et si vous ne pensez pas comme ça vous faites le jeu de Marine Le Pen””.
En gros Michel Onfray trouve juste inadmissible que l’on ne puisse pas avoir quelques velléités nationalistes ou être contre l’Europe sans se faire traiter de lepéniste. Comme si cette idée était réservée au FN. Quelle nuance de pensée !
Onfray dit clairement qu’aucune des politiques actuellement proposé en France ne lui convient. Voilà. Il refuse de se faire enfermer dans une idée politicienne puisqu’aucune ne lui convient. Et effectivement quand on voit ses capacités, son goût de la réflexion libre et hors de tout cadre, on voit mal comment sa pensée pourrait coller parfaitement à une affiliation politique. Ce n’est même pas le sujet en fait et ce genre de question prouve non seulement que l’interlocutrice n’a pas écouté ses réponses précédentes mais cherche à mettre la personne en face dans une case et se trouve bien mal à l’aise lorsqu’elle se rend compte qu’elle ne le peut pas. Les gens ne peuvent pas se résumer à des opinions toutes faites, des appartenances politiques : ils sont plus complexes ! Quelle découverte ! Si la plupart des journalistes réfléchissaient longuement à ce genre de problématique avant de faire leur interview on gagnerait peut-être du temps…
Être incapable de débattre calmement sans que les questions ne soient dictées par l’ego et la réaction épidermique:
Tout le long de l’interview et dès le début sur l’accrochage concernant Bernard Henri Levy on voit que Yann Moix a déjà son idée de la personne qui se trouve en face et qu’il ne va que chercher à l’attaquer, à le piéger. A quel moment le journaliste pense-t-il alors à son public, à ceux pour qui à la base est faite l’émission ? Cherche-t-il à leur rendre la chose intéressante ? Cherche-t-il à lancer de grands débats d’idées pour lancer des pistes de réflexion ? Cherche-t-il à interroger Onfray sur ses idées pour les livrer au public qui se fera ensuite sa propre opinion ? Non.
“Pourquoi vouloir que la finalité de l’interview soit que tout le monde se rallie à votre propre opinion ?”
Il semble simplement vouloir piéger son interlocuteur selon une trame immuable à laquelle il a déjà réfléchi. Il semble vouloir régler ses comptes et être incapable de mettre de côté son ego et ses opinions pour nous fournir une interview riche en informations. Échanger avec quelqu’un sur des idées ne signifie pas être d’accord avec lui, le laisser développer une idée ne signifie pas non plus lui donner raison. Cela s’appelle simplement la liberté d’expression. Pourquoi vouloir que la finalité de l’interview soit que tout le monde se rallie à votre propre opinion ? Interviewer quelqu’un dont on ne partage pas la pensée ne dispense pas d’appliquer les rudiments du métier à savoir : écoute, politesse et mise en sourdine de tout conflit personnel. Mais là, l’incapacité des intervieweurs à mettre de côté leur réactivité face à la pensée d’Onfray fausse tout le débat qui se transforme en réquisitoire ridicule. A chaque fois qu’Onfray les mouche, on passe à la question suivante et seule une observation attentive des regards de Moix et Salamé permet de voir le malaise. Si leur ego et leurs préjugés n’étaient pas si présents peut-être auraient-ils pu verbaliser cela en disant qu’ils comprennent mieux maintenant, qu’effectivement ils ont pris des phrases hors de leur contexte et qu’ils vont passer à la question suivante. Non, là on s’entête, on s’acharne, alors qu’en face les arguments sont béton et inattaquables. Et en effet en quoi pouvez-vous reprocher à quelqu’un de penser ce qu’il veut ? Il n’y a là aucune volonté d’échange réel ce qui devrait pourtant être la base de l’exercice.
Raisonner en termes faciles, bien-pensants et sous le coup de l’émotion:
A 30 minutes 10 : Salamé reproche à Onfray de ne pas avoir réagit comme il aurait fallu face à la photo du petit réfugié retrouvé mort sur la plage. Interrogé par un journal sur le sujet Onfray explique “on sait qu’à l’ère numérique une photo peut-être une manipulation à la portée du premier venu”. Léa Salamé est choquée de cette réponse alors qu’Onfray n’a fait que réfléchir à la question de l’image. Voilà ce qu’il répond clairement : “Une photo n’est pas pour moi une obligation à penser ce qu’il faut penser.“
Il part dans un raisonnement détaillé sur le fait de ne pas se laisser emporter facilement par l’émotion d’une image : en quoi est-ce compliqué de comprendre la réflexion d’un philosophe qui dit qu’il trouve prudent de ne pas prendre des décisions suite à UNE image, de ne pas se laisser emporter par l’émotion stupide et emportée suscitée par UNE image pour réfléchir à un problème vaste et complexe ?!
“Que penser d’un journaliste qui ne comprend pas que l’on puisse réagir différemment de tout le monde” ?
D’ailleurs suite à son explication Léa Salamé passe à une autre question et ne trouve visiblement rien de plus à répondre. En effet que peut-on répondre à quelqu’un qui dit de manière pondéré qu’il trouve ridicule de sur-réagir et de prendre des décisions hâtives et sous le coup de l’émotion suite à la diffusion d’une photo ? Je crois que ça tombe sous le sens…
Que penser d’un journaliste qui ne comprend pas que l’on puisse réagir différemment de tout le monde (ne pas s’indigner de cette photo puis en tirer des conclusions) et qui ne semble pas avoir fait sur soi un travail élémentaire dans ce métier : la prise de recul et la réflexion sur le poids des images ?
Considérer les pensées comme propriétés de tel ou tel bord politique :
35: 11 “Il y a aujourd’hui la gauche bien pensante, dont vous êtes une incarnation , [qui] nous dit ” – Il y a des questions interdites et il y a des questions qui sont des questions de droite” ! Mais moi je pense qu’il y a des réponses de droite et des réponses de gauche à des questions qui ne sont ni de droite ni de gauche“
Je crois que la phrase parle d’elle-même. Encore une fois pourquoi telle pensée devrait appartenir à tel bord politique ? Pourquoi tout ramener à ça ? Dans la vie il y a autre chose que la politique pour bien des gens et si un jour Hitler a pensé que “les tartines à la fraise étaient bonnes” alors est-ce que toute personne qui dira ensuite ça se verra automatiquement accuser d’épouser l’ensemble de sa pensée politique ?!
“si un jour Hitler a pensé que “les tartines à la fraise étaient bonnes” alors est-ce que toute personne qui dira ensuite ça se verra automatiquement accuser d’épouser l’ensemble de sa pensée politique ?!”
Tout cela me laisse pantoise. Certes je n’attendais pas mieux des deux chroniqueurs mais est-ce donc si difficile aujourd’hui pour des journalistes de laisser s’exprimer les gens, de laisser une pensée se développer sans chercher systématiquement à la réduire ? Les journalistes doivent se méfier, décortiquer c’est leur métier. Mais est-ce impossible pour autant de reconnaître que l’interlocuteur en face peut avoir raison, qu’il peut avoir une réflexion intelligente et intéressante ? Vous pouvez ne pas être d’accord avec l’interviewé, on ne vous demande pas de boire ses propos, de les faire paroles d’évangile, mais est-ce impossible pour autant de comprendre qu’un interlocuteur ne peut qu’avoir raison quand il vous dit “- Je n’ai pas dit ça, vous réduisez ma phrase, j’ai plutôt dit que ça, ça ça et dans tel contexte” ?
Je ne vais pas faire l’inventaire des réactions diverses à cet échange de samedi soir. Beaucoup trouvent qu’Onfray a admirablement réagit, d’autres persistent à penser malgré ses réponses que ce n’est qu’un “réactionnaire” qui cache pernicieusement ses pensées pro FN. Moi je trouve surtout que cet échange a été symptomatique du journalisme moderne majoritairement répandu et pratiqué : un journalisme bien-pensant et stéréotypé, un journalisme de la petite phrase focalisé sur du micro quand on lui parle macro. Un journalisme qui ne prend pas le temps de réfléchir hors des cadres et dont l’argumentation ne résiste pas à un interlocuteur calme et pondéré.
Et vous, qu’avez-vous pensé de cet échange ?
J’aime beaucoup ton approche intelligente et critique du journalisme. C’est en grande partie à cause de leurs “questions” de ce type que je boude l’actualité et que je crache parfois à tort sur l’ensemble de la profession…
Je suis contente de lire un article pertinent de ce genre qui met en lumière les mécanismes “buzzatoires” qui rendent le journalisme grand public parfois nauséabond.
Merci Jean 🙂
[…] Je regarde toujours On n’est pas couché de Laurent Ruquier les samedis soirs en deuxième partie de soirée sur France 2 car les interviews n longueur permettent de découvrir de bea11ux romans ou films mais je suis en total désaccord avec la façon de faire de Léa Salamé et Yann Moix certains soirs. […]
je viens de decouvrir ta personnalité et ton parcours, ma curiosité est donc satisfaite ,ce qui annule ma question .a bientôt pour d autres commentaires
yvon
Bravo pour votre analyse
Merci Yvon.
J’ai écrit cet article sur un coup de tête tant j’étais excédée par tout cela et visiblement ça a plu !
J’aime beaucoup votre article. Je n’ai plus la télévision depuis plus de 5 ans à cause de ce genre d’émission (en partie aussi parce que je refuse de payer une taxe pour avoir le choix entre ça ou les téléréalités à la noix). Je trouve que le métier de journaliste ne se montre pas sous son bon jour avec ce type d’énergumènes qui ne savent que provoquer, chercher la petite bête. Le pire c’est qu’ils n’arrivent qu’à se ridiculiser. J’ai toujours l’impression que les infos c’est pas pour nous informer mais pour nous provoquer des émotions bien précises. C’est un peu comme les JT dans lesquels on nous donne des infos choisies, triées, réarrangées etc, le tout dans le but de nous faire penser comme ci et pas comme ça.
L’éducation aux médias doit être remise au goût du jour dans les écoles.
Bonjour Austenland et merci d’avoir pris le temps de rédiger ce commentaire,
Oui il sont très nombreux les déçus des médias modernes à ne même plus vouloir y jeter un œil ce que je comprends car ce genre de pratique est tellement courante que quand on fait preuve d’honnêteté intellectuelle (et qu’on en attend autant des autres) c’est agaçant. Bien sûr, le journalisme pour des raisons d’audience doit nous capter et alors les émotions sont le meilleur vecteur (cf. mon dernier article sur le manipulateur des médias Ryan Holiday qui explique cela très bien “Comment ne pas se faire manipuler par les sites Internet”
Il serait salutaire d’apprendre dès le plus jeune âge à avoir du recul sur ce qui est dit dans les médias mais je en crois pas que ce soit au programme ni même envisagé ^^
Bonne analyse de l interview. J ai pense la meme chose que vous en la regardant. Toujours ravie de votre blog qui parle de tout et parle a tout le monde.
Salut Katy, merci c’est gentil ça 🙂
Salut Sabrina, je suis contente de voir que tu penses la même chose que moi de cette interview.
Je n’étais pas au courant de la polémique autour de M. Onfray avant de regarder l’émission. Les chroniqueurs (je ne dis pas journalistes car il me semble que Y. Moix ne l’est pas) ont fait preuve d’une mauvaise foi totale et d’un acharnement ridicule à vouloir faire dire à l’invité le contraire de ce qu’il pense. Tandis que ce dernier a gardé son flegme, alors qu’il y avait de quoi s’énerver.
J’apprécie cette émission car en général on y prend le temps de discuter, mais là comme tu l’as bien dit, il n’y avait aucune écoute de la part des journalistes. Ils se sont vraiment discrédités à mes yeux. En fait, la liberté d’expression n’est valable que lorsqu’on partage leur point de vue. Je pense que ces personnes vivent dans un microcosme déconnecté de la réalité vécue par la majorité d’entre nous, le peuple quoi (haha !).
Du coup ça me donne envie de m’intéresser un peu plus aux réflexions de M. Onfray, j’ai trouvé ses explications très claires et son point de vue tout à fait légitime et sensé.
Salut Christelle,
Yann Moix n’est effectivement pas un journaliste à proprement parler, il est avant tout écrivain, mais il s’essaie là à un exercice journalistique qui est celui de l’interview et j’aimerais bien savoir d’ailleurs si sur son contrat de travail il est considéré comme journaliste quand il fait On n’est pas couché, je pense que oui.
Enfin je dit “journaliste” mais j’aurais pu dire “homme de média” : les défauts de cet entretien ont les mêmes conséquences et ce que je veux dire c’est que les gens qui s’expriment dans la sphère publique devraient obligatoirement avant avoir fait leur examen de conscience et avoir travaillé sur les rudiments de l’art d’écouter les autres, du développement d’une idée et sur les arguments malhonnêtes ou invalides : on gagnerait des interviews plus intéressantes.
Oui, Onfray est très intéressant et surtout très libre de penser (c’est surtout ça qui a été au cœur des débats) : il se fiche que ce soit politiquement correct ou pas de penser quelque chose qui peut être aussi une idée de Le Pen :si c’est son idée il est assez intelligent pour comprendre que l’on peut partager une idée avec quelqu’un sans tout partager. Et Moix et Salamé n’ont pas compris cela comme l’ensemble de la sphère médiatique : le jugeant alors pro-FN :ça montre bien à quel point leur état d’esprit est ridicule, bas, fermé et à la recherche du buzz, de la division. Je trouve ça vraiment dommage…j’avais lu petite son Manuel d’anti-philosophie que j’avais adoré et ses conférences sur Franc Culture sont un régal !
fautes @ corriger:
Maintenant je vous dit
Ben non je vous dit rien
Oui, merci Marion !